L'impression xylographique est un procédé de reproduction multiple d'une image sur un support plan en utilisant une tablette de bois gravé comme empreinte (en Europe hêtre, poirier, noyer, au Japon principalement le cerisier ) comme matrice et l'impression sur feuille de papier chiffon ou tissu comme support et pouvant être reproduite par estampage.
En Europe elle semble se développer à partir du XIVe siècle. Le Bois Protat daté de 1370-1380 et originaire de Bourgogne.
Ce genre connaît à partir de 1858 un grand succès auprès des Occidentaux, après l’ouverture forcée des frontieres Japonaises sur le monde extérieur, le pays s'ouvre alors aux importations de l’Occident, notamment la photographie et les techniques d’imprimerie et annonce le declin de l'ukiyo-e... Les grandes collections privées d'estampes japonaises d'Europe influencent alors fortement la peinture européenne et, en particulier, les impressionnistes. |
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Le Hyakumantō Darani 百万塔陀羅尼, littéralement « Un million de pagodes et prières dhāranī », est une célèbre gravure sur bois imprimée au Japon en l'an 764, considérée comme le premier texte imprimé par des moyens mécaniques dans ce pays. La technique est celle, bien connue, de la gravure sur bois, pratiquée selon une division très précise des rôles: l'artiste dessinait le motif au pinceau sur un papier fin et transparent qui était ensuite collé, côté dessin, sur une planche de bois dur. Le graveur creusait alors le bois autour du dessin. Il encrait ensuite la planche pour tirer des epreuves d'essai sur lesquelles l'artiste notait les couleurs à utiliser qui déterminerait la fabrication des autres planches, généralement une par couleur. Des repères gravés dans le bord du bois permettaient de faire coincider exactement les différentes planches. L'encre utilisée était composée de pigment dilué dans l'eau et additionné de colle de riz. l'imprimeur en badigeonnait chaque planche avant d'appliquer sur sa surface la feuille de papier qu'il frottait avec un tourbillon de corde de chanvre, le baren.
C'est bien dans le cadre de l’Ukiyo-e 浮世絵 « image du monde flottant », pendant l'ère Edo(1603/1868), que l'estampe japonaise gravée sur bois a connu son plein développement. Et, en sens inverse, c'est grâce aux nombreux tirages autorisés par l'estampe (ne dépasse que rarement quelques centaines d'exemplaires) que l'ukiyo-e a pu devenir aussi populaire, peu coûteuse, bien loin de l'aristocratique école de peinture Kanō.
Les œuvres reproduites étaient en noir et blanc. Puis on eut l'idée d'agrémenter ces estampes en y appliquant à la main une ou deux couleurs, vers 1740 se met en place l'application de ces couleurs grâce à d'autres planches gravées, portant non plus le trait du dessin (dai-ban « planche de traits ») mais les couleurs (iro-ban « planches de couleurs »). Enfin, vers 1765, apparaissent les estampes de brocart » Nishiki-e, portant jusqu'à une dizaine de couleurs, grâce à de multiples planches de couleurs.

Tsunami (1830) : œuvre de Katsushika Hokusai
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le Shita-e « l'image de dessous » est le dessin préparatoire original réalisé par l'artiste, totalement détruit par le processus de gravure de la planche portant les traits de contours.
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La Dai-ban encre le noir, la premiére serie, l'édition originale est realisé par l'imprimeur avec la présence de l'artiste jusqu'à ce que l'usure du bois commence à donner des traits moins nets et des repères de couleurs moins exacts. Toute regravure ultérieure de l'œuvre, effectuée sans la supervision de l'artiste, ne sera donc pas un original.
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Le Baren (tampon de bambou servant à frotter le papier sur la planche encrée). Le Kento 見当(marques de calage). Le Washi 和紙 « papier japonais » papier aux longues fibres de mûrier entrelacées est connu pour sa légèreté, sa flexibilité et sa solidité.

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Les Japonais différencient plusieurs types d'estampes :
- Selon le format du papier utilisé
- Mameban (12 x 8 cm, parfois appelé « impression jouet »)
- Shikishiban (environ 21 x 18 cm, souvent utilisé pour les surimono, cartes de vœux)
- Chūtanzaku (environ 36 x 13 cm)
- Yotsugiri (environ 19 cm x 13 cm)
- Koban (23 x 17 cm)
- Aiban (34 x 23 cm)
- Hosoban 細判 (de forme étroite, environ 33 cm x 15 cm)
- Chūban 中判 (25 à 26 cm x 17 à 19 cm)
- Otansaku (Approximativement 37 cm x 17 cm)
- Oban 大判 (37 à 38 cm x 25,5 cm)
- O-ōban (« grand ōban » est un peu plus grand que le format ōban classique, 58 cm × 32 cm)
- Hashira-e 柱絵 (70 à 75 cm x 12 à 14,5 cm verticale, destinée à être accroché aux piliers d'une maison.
- Hosoban 細判 (33 cm x 15 cm)
- Nagaban 長判 (approximativement 20 cm x 50 cm)
- Selon l'orientation
- Tate-e (orientation verticale « portrait »)
- Yoko-e (orientation horizontale « paysage »)
- Kakemono-e 掛物 (rouleaux pendus au mur en position verticale)
Selon le support
- Ehon 絵本 « livres d’images » présentant des récits illustrés ou des romans
- Ichimai-e 一枚絵 épreuves réalisées sur une feuille volante ou affiches pour le théâtre kabuki.
- Egoyomi 絵暦 « calendriers estampes »
- Selon les couleurs appliquées et surtout leur nombre
- Sumizuri-e 墨摺り絵 sans aucune couleur, donc en noir et blanc .
- Tan-e 丹絵 sumizuri-e rehaussée à la main de la couleur orange tan.
- Urushi-e 漆絵 « images laquées » utilisant une encre épaissie avec de la colle à base d'animaux appelée nikawa pour la rendre brillante .
- Beni-e 紅絵 sumizuri-e rehaussée à la main de la couleur beni .
- Kappazuri-e estampes monochromes (habituellement en noir) imprimées sur des planchettes de bois puis colorées au pochoir
- Benizuri-e 紅摺り絵 « image imprimée pourpre » colorée par impression avec la couleur rose beni (le vert étant parfois ajouté) .
- Nishiki-e 錦絵 ou Edo-e la plus « riche » « estampe de brocart», car faisant appel potentiellement à toutes les couleurs.
- Aizuri-e 藍摺り絵 « images imprimées en bleu »
- Aka-e « image en rouge »
Techniques d'impression
- Kira-zuri, kira-e : impression à fond micacé
- Shita-e, hanshita-e
- Utilisation de poudres métalliques :
- kiri, laiton (pour l'or)
- gin, étain (pour l'argent)
- akegane, cuivre (pour l'or)
- Bokashi : ぼかし technique qui consiste à faire varier la clarté ou l'obscurité d'une seule couleur en appliquant manuellement une gradation d'encre sur une planche d'impression humide, plutôt que d'encrer uniformément le bloc.
- Kara-zuri 空摺 impression à vide, comme dans kara-te-do, 空手道, karate-dō) : gaufrage.
- Shomen-zuri : l'impression à vide, à l'envers.
- Mizu-e
Selon le sujet
- Namazu-e : le namasu est un poisson-chat géant vivant dans la vase des profondeurs de la terre, il est très turbulent et ses mouvements brusques ont tendance à causer des séismes dont le Japon est victime.
- Ōkubi-e : « image de grosse tête » estampes représentant des portraits en gros plan (tête et haut du buste)
- Shunga 春画 « image du printemps » gravures érotiques
- Yakusha-e 役者絵 représentant des acteurs de Kabuki, portraits d'artistes individuels ou parfois un couples d'acteurs.
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Les couleurs utilisées sont nombreuses, faisant appel à des pigments d'origine naturelle (végétale ou minérale), et d'une rare délicatesse de nuance:
- sumi : 墨 encre de Chine, pour reproduire le dessin lui-même ;
- tan : rouge d'oxyde de plomb ;
- beni : rose tiré du safran;
- ai : bleu foncé à base d'indigo ;
- shoenji : rouge extrait du millepertuis.
- murasaki : violet (mélange de rouge de millepertuis et de bleu indigo.
- gofun : blanc lumineux à base de poudre d'huître. Uniquement apposé à la main, donc sur des peintures ou, parfois, sur des sumizuri-e rehaussées à la main.
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Nikuhitsuga 肉筆画 aux alentours de 1700, la plupart des artistes de ce courant de peinture ukiyo-e sont aussi bien peintres qu'imprimeurs, partageant pour la plupart le style et les sujets. |
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Shin hanga 新版画 « nouvelles épreuves » entre 1915 et 1942. S’inspirant de l’impressionnisme européen, les artistes intègrent des éléments occidentaux tels que les jeux de lumière et l’expression de l’humeur personnelle, mais se concentrent sur des thèmes strictement traditionnels. Le principal éditeur est alors Watanabe Shozaburo à qui l’on attribue la création du mouvement. Parmi les artistes principaux, on peut citer Itō Shinsui et Kawase Hasui qui sont élevés au rang de « Trésors nationaux vivants » par le gouvernement japonais. |
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Sōsaku hanga 創作版画 « estampe créative » entre 1918 et 1950 adopte une conception occidentale de l’art : l'estampe ne doit pas être le résultat du travail de plusieurs « artisans » (le dessinateur, le graveur, l'imprimeur), mais l'œuvre d'un « artiste » unique, maîtrisant l'ensemble du processus. |
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